Ca va saigner

Des heures durant, j'ai ruminé ma colère, et ressassé ma déception. Ca m’aurait bien arrangé que les punching ball soient en promo aujourd'hui chez DecathlonSims. Malheureusement, les soldes venant juste de se terminer, j'ai décidé de passer mes nerfs sur les figurines en coton et en tissus qui nous tiennent lieu d'ennemis véloces et sanguinaires à la caserne. Enfin, j'aurai peut être du y aller molo sur les cris de guerre et les figures acrobatiques, parce que la sergente instructrice, qui se tient à coté de moi dans la voiture qui me ramène à la maison, n'arrête pas de me dévisager depuis 10 minutes.
A peine sorties du véhicule, elle se posta devant moi, la mine indéchiffrable.

Instructrice : Bon boulot aujourd'hui Fallon, vous avez le courage et la vigueur nécessaire pour protéger nos chers citoyens de SimNation.

Sandra (gênée) : Euh ben vous savez ... c'était pas grand chose [ Si je lui dit que je voyais la tête de ma soeur sur les mannequins terroristes et que c'est ça qui me faisait tirer, ça va l'effrayer ?]

Instructrice (avec un sourire en coin) : En tout cas Sandy je ne te croyais pas comme ça ....

Sandra (étonnée) : Sandy ? Excusez moi mais on ne m'as plus appelée comme ça depuis le lycée ... Ca fait un choc ...  Attendez ... Quel est votre nom déjà ?

Instructrice: Sergente Taylor Cooper, déléguée de la classe des Terminale 2 du lycée Melburn et accessoirement ta partenaire de TP !!

Sandra : Ah oui ça me revient maintenant ! Il faut dire que tu as beaucoup changé ... en bien, ne t'inquiète pas, je n'ai jamais pensé que tu avais vieilli ou quoi que ce soit !

Taylor: En tout cas, je voulais t'annoncer en personne ta promotion, entre anciennes du Melburn, il faut bien s'entraider ...  Bien ta promotion est surtout due à tes qualités ... Bon je vais y aller, mon mari et mes enfants m'attendent, ils sont tous déboussolés dans notre nouvelle villa près de la plage. A bientôt Sandy !

Je la lui met à la figure sa promotion ou je me calme et je prend l'argent avec un grand sourire nias ? Bon voyons voir, j'ai pas vraiment de moquette dans la chambre, y a des mauvaises herbes qui poussent dans les toilettes, et j'ai même pas de douche pour me laver. Je crois que je vais me taire et faire taire mon ego par la même occasion pour éviter de traîner une odeur de putois derrière moi.

Quelques heures plus tard, après une bonne douche de température polaire bien froide, j'ai décidé de revêtir ma vieille chemise de nuit et d'attendre patiemment le retour de ma grande soeur. S'en tenir à ma ligne de conduite : lui mettre du plomb dans la cervelle.

Il est 2 heures du matin. Des pneus crissent. Un éclat de rire étouffé, un rire que je connais bien. Une portière claque. Des pas titubants se dirigent vers la porte d'entrée. Cette dernière s'entrouvre doucement. Samantha pénètre dans la pièce, un sourire béat aux lèvres. Il n'y a pas de doutes, elle s'est trouvée un nouvel amant qui lui a promis monts et merveilles pour la mettre dans son lit. C'est à toi de jouer maintenant Sandra, c'est dans tes mains que tient l'avenir de la famille.

Sandra (froide) : C'est à cette heure ci que tu rentres ?

Samantha (se retournant vers elle) : Désolé soeurette je ne voulais pas te réveiller. Après tu vas avoir la peau fripée par la fatigue, pauvre chou !

Sandra : Tais toi et arrêter de jouer à ce petit jeu avec moi. Regarde toi ma pauvre fille. Regarde ce que tu es devenue. Une trentenaire qui veut se donner des allures d'étudiantes alors que les premières rides viennent se tracer dans ses yeux trop maquillés. Une femme facile, aux nombreux amants, mais qui est incapable d'en garder un seul ! Une fille tellement bête qu'elle est incapable de se rendre compte qu'elle met en danger toute sa famille !

Samantha (en colère) : Ho mais calme toi ! Je n'ai rien fait et tu m’agresses ! Tu sais je n'y peux rien si tous les hommes sont à mes pieds alors que toi tu n'as personne.

Sandra: La n'est pas le problème et tu le sais très bien. Ne noies pas le poisson. C'est ton business le problème ! Ca et toutes les bêtises dans le même genre.

Samantha : Vraiment soeurette je ne vois pas de quoi tu veux parler ...

Sandra: Tu sais quand tu as dit à ton ami tatoué l'autre soir de ne pas s'inquiéter, que tu satisfaisais le boss. Tu te rappelles de cette conversation ? Mais enfin Sam ! Tu ne te rends pas compte des risques ! Si jamais tu te fais arrêter, toute la famille sera classée comme complice. Sans compter que si tes "amis" un jour se retournent contre toi, ils n'hésiteront pas à faire place nette dans la maison si tu vois ce que je veux dire. Et puis tu as pensé à l'honneur de la famille ! Je sais que ça peut te paraître stupide et vieux jeu, mais pense aussi à nos enfants qui auront à rougir de leur nom, qui seront toujours soupçonnés dans des affaires dont ils ne connaissent rien. Tu va me faire la plaisir de vite quitter ce job pourri, de revenir sur terre et de te reprendre en main. Tu ruines ton avenir, il te reste peu de perspectives, mais elles sont là. J'ai bien réfléchi, et si tu ne te décides pas à changer, ce sera la porte.

Samantha : Mais t'es complètement parano ma vieille ! C'est pas le Bronx ici, et je suis pas dans la mafia Tu as fait une overdose d'Al Pacino ou quoi ? Tout ce que je fais c'est nous fournir un peu de liquide. Et ne me dis pas qu'on en pas besoin, regarde autour de toi. Y a rien d'illégal la dedans. Tout ce que je fais c'est aider des gens pauvres à se faire opérer : La chirurgie esthétique accessible à tous. C'est un une grande aide pour certaines personnes qui n'ont pas à passer par les hôpitaux pour se faire refaire le nez. Donc j'aide le mec tatoué, comme tu dis, à organiser des rencontres entre les patients et les docteurs qui travaillent au noir. Tu t'en rends compte, la beauté pour tous les porte-monnaie !

Sandra : Au diable les conditions d'hygiène, c'est ça ? Y a des petits rats qui courent dans les coins et des limaces sur le bistouri ?

Samantha : Mais non, les docteurs se lavent les mains voyons ! On est pas des bêtes !

Sandra (après un temps de silence): Samantha Fallon dès demain tu te retire cette organisation, c'est compris ! Sinon tu va aller vivre ailleurs. Peut importe ce que tu fais, tout ce que je sais c'est que n'est pas légal.

Samantha : C'est ma maison aussi, donc je fais ce qui me plait, petite soeur. Et avant de parler de ce que tu ne connais pas, renseignes toi.

Et elle claqua la porte de sa chambre, me plantant la, sans avoir eu la chance de répliquer. C'était donc comme ça. Et moi qui pensais naïvement qu'après cette mise au point tout serai arrangé. Je ne sais plus quoi faire, je me sens perdue. Je n'ai plus aucune emprise sur la situation. Combien de temps avant que ne soit découvert, Un an ? Une semaine ? Un jour ? L'idée de la dénoncer m’avait bien entendu traversé l'esprit, mais je ne pouvais m'y résoudre. Je me jetai alors sur le canapé, une longue nuit de réflexion pouvait commencer.